I&M


Les inventaires raisonnés des cartes postales anciennes en noir et blanc, commencés depuis 1976, sont achevés ou presque pour la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin, le Togo, le Mali et le Sénégal, mais leur publication rencontre un certain nombre de contraintes ou d'obstacles non surmontés pour le moment. Les inventaires de tous les autres pays d'Afrique au sud du Sahara sont aussi en cours.



CD-ROM : Cartes postales anciennes de l'Afrique de l'Ouest

Images & Mémoires a publié en 1997, avec le soutien de l'UNESCO dans le cadre "Programme Mémoire du Monde", un CD-ROM contenant plus de 3000 cartes postales anciennes de l'Afrique de l'Ouest de qualité accompagnées de leurs fiches documentaires détaillées. Ce CD-ROM constituait un outil inégalé pour la consultation et la recherche d'images par critères, riches en éléments permettant de retracer l'histoire des pays et les évolutions survenues. On y trouvait aussi des sélections de cartes postales s'inscrivant dans des thèmes accompagnés d'une notice de présentation :

  • 3236 images des 16 pays de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest, sélectionnées parmi plus de 6000 images : Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Bénin, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina-Faso, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.
  • Regroupement d'images autour de huit thèmes : Le voyage du Ministre des Colonies Milliès-Lacroix (1906-1909), Un photographe au Soudan (E. Fortier), Saint-Louis du Sénégal, Gorée et Dakar au début du siècle, Les capitales soudanaises, Portraits de femmes africaines, Ports côtiers de l'Afrique de l'Ouest.

En raison de l'évolution des technologies, l'accès aux modules de recherche et la lecture de ce CD-ROM sont désormais impossibles. Cependant, les images sont toujours disponibles.

3000 cartes postales anciennes d'Afrique de l'Ouest !

Ce CD-ROM, créé en 1997 avec le soutien de l'UNESCO, est le fruit d'un travail considérable rassemblant plus de 3000 cartes postales anciennes des pays de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest. Mais, à notre grand regret, les fonctionnalités de la base de données (accès à la fiche documentaire détaillée de chaque image, recherche par thème ou par critères croisés…) ne sont plus accessibles sur les ordinateurs de dernière génération.

Images & Mémoire, ne pouvant se résoudre à perdre définitivement ces données désormais illisibles, a décidé de donner accès à tous ceux qui le souhaitent aux images seules (non renseignées), enregistrées sur un CD.

CD-ROM



Le CD contient 3225 images en fichiers JPG réparties par pays en 19 dossiers.

Il est réalisé à la commande et vendu au prix de 10 € (port compris pour la France).

Pour les commandes et le règlement, s'adresser à :

Pascale Nourisson
47 rue des Batignolles
75017 Paris

pascale.nourisson@wanadoo.fr



Découverte des cartes postales anciennes : quelques repères techniques et chronologiques

Philippe David - Parties 1 et 2 - (Cf. lettre de liaison 12 et 13)



Plusieurs adhérent(e)s d'I&M, sensibles aux cartes postales anciennes mais parfois peu familiarisé(e)s avec leur histoire, leurs caractéristiques techniques et leurs éléments d'identification selon les pays et les époques , nous ont demandé de les aider à mieux  les situer et analyser. D'où les quelques premiers repères simples qui suivent et seront encore approfondis une autre fois.

La carte postale constitue un  phénomène culturel majeur  et à bien des égards tout à fait surprenant. Si on laisse de côté quelques polémiques de détail, on admet communément qu'elle a été inventée en Autriche en 1869 par un professeur d'économie, Emmanuel Herrmann, qui la fit adopter par la direction générale des Postes austro-hongroises. D'abord défini comme un "bristol pour correspondance admis à circuler à découvert" (à côté des plis fermés ou lettres sous enveloppe alors en usage), le nouvel objet, considéré comme fort pratique, allait, en moins de deux décennies, connaître une vogue mondiale fantastique, soutenue et réglementée par l'Union générale des Postes devenue Union postale universelle/UPU en 1878 et, comme telle, doyenne de toutes les institutions des Nations unies. La France entra dans l'Union générale des Postes le 1er janvier 1876. Les cartes françaises, pleinement "postales" au sens du terme, datent donc de cette époque. Elles furent vite utilisées également dans toutes les colonies à partir de 1882 sous forme de cartes  avec timbre adhésif ou d'"entiers postaux" (avec timbre pré-imprimé) passe-partout ou spécifiques à chaque territoire. Indiscutablement pionnières et rares, ces CP sans images de la première génération  ne sont donc intéressantes que du point philatélique. Mais, partout dans le monde, les artistes, illustrateurs et photographes de toutes sortes s'en étant vite emparés, elles allaient être désormais éditées en grosse majorité  par des producteurs privés, devenant du même coup des "cartes postales illustrées". Leur extension dans les territoires coloniaux de l'époque se fit assez rapidement, autour de 1898-1900 pour les CPI françaises d'Afrique et de Madagascar, avec un décalage toutefois de plusieurs années par rapport aux CPI étrangères des colonies allemandes, britanniques, portugaises et italiennes.

Dès lors, le découpage chronologique de l'histoire de la CPI est assez simple :

  • L'âge d'or couvre, à l'échelle mondiale, la période 1895-1920. Au lendemain de la guerre, la généralisation des appareils photos individuels est le premier facteur d'une forte réduction de la demande et de la mode des cartes postales.
  • La période dite "semi-moderne" couvre en gros les trente années suivantes et se caractérise, pour les colonies françaises, par la forte proportion des CP éditées par les congrégations religieuses ou à des fins de publicité (tourisme, exposition de 1931....). Elle s'achève vraiment autour de 1958-60 (pure coïncidence avec la vague des indépendances) lorsque le petit format 9 x 14 en photo noir et blanc fait assez vite place au grand format 10 x 15 photo couleurs (et même en Côte d'Ivoire, dans les années 1970, au "long format" couleurs 10,5 x 20,5). Nous sommes donc désormais dans la période "moderne". Les inventaires de CP "'anciennes", de tous pays d'Afrique au sud du Sahara et Madagascar, entamés par I&M dès 1977 regroupent les périodes "ancienne" proprement dite et "semi-moderne", et couvrent donc plus d'un demi-siècle, en gros 1900-1960 pour les territoires français et 1890-1960 pour les autres.

En plus de cela, quelques dates-clés jalonnent l'histoire de la CP et sont autant de repères supplémentaires pour  l'analyse et la datation :

  • Soumise aux  impératifs précis de l'UPU, la CPI, jusqu'en 1904, ne peut recevoir au verso que l'adresse du destinataire; la correspondance est donc limitée aux espaces du recto ménagés à cet effet, l'image, au lieu d'être "pleine carte" étant alors réduite à 1/2, 1/3 ou 1/4 de carte à marges nettes ou floues. Mais il arrive que sur une image "pleine carte", le scripteur prenne la peine d'écrire seulement sur les marges ou sur les parties claires de la photo ou du dessin, ce qui est évidemment du plus bel effet. A partir de 1904, la correspondance est autorisée au verso, en général sur la moitié gauche, côte à côte avec l'adresse. Mais tous les pays ne s'alignent pas aussitôt et de la même façon sur le type imposé. Il faut en tout cas retenir qu'une carte " à dos (ou verso) non divisé" est, sauf anomalie, antérieure à 1904, une carte " à dos divisé" postérieure.
  • Les CP françaises de la période de guerre 1914-18 ont souvent le "verso vert"  et sont d'un papier de mauvaise qualité. C'est notamment la caractéristique des CP  d'AOF du photographe Fortier entre 1915 et 1920. Mais un autre verso, vert pâle de bonne qualité, se rencontre plus tôt dès les premières années du siècle et ne doit donc pas être confondu avec le précédent. 
  • Si la photo couleurs obtenue par divers procédés modernes parfois indiqués sur les CP elles-mêmes (Bromacolor, Mexichrome, Kodachrome... ) marque la période moderne à partir de 1958-60, il n'en existe pas moins des cartes "anciennes" illustrées soit de photos noir-et-blanc qui ont été coloriées ou colorisées, ou tirées en diverses couleurs uniformes ( p. ex. pour les CP Tacher de Sénégal et Mauritanie: en brun clair, violet, vert clair ou bleu, ou encore brun et jaune "vernies"); soit aussi de dessins multicolores uniques ou multiples décorés de "fioritures" selon le goût des fantaisies 1900 ou du type " Grüss aus....., Souvenir de...... Salutations.....Greetings from.....Pozdraviz....." très à la mode à la même époque (Togo et Kamerun allemands, Dahomey, Gabon, Afrique du Sud....). A noter aussi qu'entre les deux guerres, la CP affectionne les tirages sépia sur paille, presque exclusifs p. ex. dans les séries "missionnaires".

D'autres éléments d'identification et/ou de datation des CP peuvent aussi être utilisés :

  • changement de dénomination des pays en fonction des indépendances: ex. Guinée française - République de Guinée;
  • détails indiqués dans la légende ( par exemple un évènement précis daté ou même non daté)
  • date manuscrite indiquée par le scripteur lorsque les CP ont circulé;
  • type et date des timbres-poste utilisés
  • date du cachet postal...
Mais ces trois dernières indications, si elles donnent ce qu'on appelle en droit une "date certaine" ultime et sûre, ne permettent pas de dater le cliché photo lui-même  qui peut être bien antérieur. Rien n'empêche en effet d'envoyer en 1922 une CP éditée en 1905 d'une photo prise en 1897.

Mentionnons aussi l'existence de "cartes-photos" ou "photocartes" qui sont des photos prises par un amateur non professionnel qui les a tirées lui-même sur du papier au format et mentions "carte postale" pour les utiliser comme des CP vendues dans le commerce. Elles se rencontrent parfois légendées et datées avec précision par leur auteur mais ce n'est pas toujours le cas. Etant des créations individuelles et la plupart du temps uniques, elles ne peuvent être inventoriées qu'à mesure qu'on les découvre. La mode des "photocartes" n'a guère dépassé les années 1910-14.
           
Ces indications essentielles seront complétées prochainement. Il faudra examiner notamment les multiples pièges thématiques, chronologiques, géographiques, techniques et linguistiques que certaines CP anciennes et même modernes réservent aux iconographes.

De nombreux pièges de toutes sortes rendent parfois difficile une analyse sérieuse, complète et objective des CP anciennes. Ces difficultés sont de trois catégories :

  • Absence d'informations
  • Informations erronées
  • informations exactes et précises mais pour une époque et un contexte anciens révolus.

1 - L'absence d'informations peut concerner le cliché (photos ou dessins sans légende aucune, le cas est heureusement rare) ou le support: édition anonyme ou édition non numérotée. Ces deux cas, parfois cumulés (!) disparaissent assez vite après les années 1900 mais n'en sont pas moins redoutables, car l'auteur ou les auteurs de la CP (photographe, éditeur, diffuseur...) demeurent alors inconnus et il est impossible de savoir quelle fut la quantité des CP produites. Dans le cas d'une collection non numérotée, l'inventaire doit alors classer les CP recensées selon leur légende par ordre alphabétique (en utilisant le premier substantif du libellé, et non selon les prépositions et articles introductifs du type "le, la, les, au, dans, avec, sur."....), tout en affectant à chaque CP un n° fictif et entre ( ), en fonction de ce classement alphabétique, pour pouvoir quand même les désigner de façon rapide et pratique.
Exemple :

  • Jeunes garçons… (1)
  • Un marigot….(7).
  • Village en montagne….(14)


Anonymes

2 - Les informations erronées peuvent être grossières ou plus subtiles :

  • Fautes d'orthographe dûes à un éditeur non français ou francophone dans certains pays (Allemands, Italiens, Anglais en Afrique occidentale et centrale, Indiens ou Orientaux à Madagascar ou Djibouti) - erreurs manifestes de localisation ou de sujet: on connaît une curieuse série de types comoriens et malgaches (dont les originaux correctement légendés existent aussi) pourtant qualifiés de sénégalais, guinéens ou dahoméens, et demeurée inexpliquée jusqu'à ce jour. Plusieurs CP Delmas sont systématiquement situées au Sénégal alors qu'elles concernent la Guinée (mais peut être à une époque où celle-ci dépendait encore de Saint-Louis) - légendes complètes et correctes dans les premières éditions mais progressivement réduites, imprécises ou même erronées dans les éditions suivantes: les plus beaux exemples de cette médiocrisation apparaissent chez Fortier pour la période postérieure à 1912 (voir« Inventaire Général Fortier », tome 3, de l'auteur). Tel cliché de Porto-Novo peut se retrouver situé... à Dakar... ..
  • Repiquages et réemplois ayant entraîné modification de la légende: ainsi, les Missions Africaines de Lyon installées au Togo après 1918 ont réuti1isé des CP de leurs prédécesseurs allemands (Katholische Mission Lomé) en substituant une légende française à l'original et parfois même en grattant sur le cliché allemand tel ou tel détail devenu indésirable (Comice agricole de KpaIimé de 1907) !
  • Légendes vagues et passe-partout, non situées, permettant à l'éditeur de vendre ses CP dans plusieurs pays à la fois: c'est notamment le cas chez HOA-QUI/IRIS pour les longues séquences" Afrique en couleurs", "Faune", "Afrique Noire", "AOF", "Couleurs d'Afrique", etc. . C'est aussi le cas pour des collections consacrées à certains "Villages noirs" de France et d'Europe lorsque le directeur s'arrangeait à écouler pendant plusieurs années et en plusieurs endroits successifs les CP réalisées une première fois en une ville précise: ainsi, les CP vendues par Bouvier-Tournier à Nancy en 1909 sont celles d'Amiens-] 906 dont on a supprimé ]a légende originelle!
  • Il arrive enfin (le cas n'est pas rare jusque dans la presse contemporaine) que le cliché soit présenté à l'envers, ce qui est indécelable si on ne connaît pas les lieux en question.


Carte passe-partout

Alteration du cliche et de la legende

3 - Les difficultés d'analyse sont d'un autre ordre avec des légendes directement liées à un contexte géopolitique révolu, applicable à des pays et territoires à géométrie et à appellations variables.

Quelques exemples parleront pour de nombreux autres: le Dahomey de l'époque coloniale, s'est d'abord appelé BÉNIN de 1887 à 1894 mais les CP postérieures du Bénin concernent le Bénin historique et donc la Nigeria britannique, de même que de nombreuses CP (de congrégations missionnaires) situées au NIGER, c'est-à-dire les pays anglais du Bas-Niger, également en Nigeria. Le Centrafricain, pour plusieurs éditions missionnaires (françaises) désigne les pays anglais de l'ensemble Rhodésie-Nyassaland. Les variations de frontières à l'intérieur de l'A. E. F. font qu'il est difficile a priori de dresser les inventaires du Gabon, du Congo, de l'Oubangui-Chari et du Tchad tant que ces territoires n'ont pas été définitivement constitués. Plusieurs éditeurs de Brazzaville et de Léopoldville n'ont pas toujours distingué les deux rives du Congo. De même, plusieurs légendes indiquant simplement l'ethnie des personnages représentés ne permettent pas de les situer avec précision, «Études féminines» Fortier, par exemple.

Rappelons, pour terminer, les éléments d'analyse positifs fournis par les CP elles-mêmes à celui ou celle qui les analyse:

  • date portée par le scripteur (sur une CP qui a voyagé).
  • date du cachet postal, date "certaine" ultime mais qui n'est évidemment pas celle de la CP ni encore moins du cliché (ou dessin) qu'elle porte - mention géographique permettant de situer la CP dans le temps:
    Exemple : "Haute Côte d'Ivoire", après suppression de la Haute-Volta en 1932, "République de Guinée", après 1958, avant Niger et Haute- Volta, "Soudan" ou "Haut Sénégal et Niger" - appartenance de la CP à une collection bien identifiée dont un inventaire donnera les dates d'existence et le contexte économique;
  • enfin, présentation physique de la CP dont les couleurs, les aspects, les formats correspondent dans l'ensemble à une époque qu'on peut délimiter, en attendant le passage vers 1956-58-60 du petit format noir et blanc 9 x 14 (très majoritaire mais non exclusif) au plus grand format 10 x 15 encore noir pour très peu de temps puis très vite polychrome.

Il reste que, pour les CP comme pour tous les documents appartenant à des séries nombreuses et bien typées, un inventaire, par pays, par thèmes ou par éditeurs, est indispensable. Nous nous efforçons de donner vie à ceux qui ont été commencé depuis longtemps mais diverses difficultés retardent encore la parution prévue pour l'instant dans les pays concernés et avec leur participation.

La carte positive


- Association Images et Mémoires -